DE HENRI III. [l58o] 195

Le mercredy 3 février, le Roy dîna en l'abbaye de Saint-Germain des Prez, chez le cardinal de Bourbon; le lendemain en l'hôtel de Saint-Denys, chez le cardinal de Guise; le jour ensuivant, en l'hôtel de Nesle, -chez le duc de Nevers ; puis chez le cardinal de Birague, puis chez fe seigneur dë^Lenoncourt, en l'hôtel de Chaulnes; et ainsi consécutivement chez autres seigneurs , tant que la foire de Saint-Germain dura.

En ce tems, Saint - Luc, mignon du Roy et gouverneur de Brouage, est disgracié (0 ; et Lancosme, neveu de Lanssac, envoyé en diligence à Brouage, afin de la garder pour le Roy. Le lieutenant de Saint-Luc en refusa l'entrée à Lancosme ; et Sâint-Luc arrivant sept heures après, «n fit sortir cinq compagnies de soldats y étans sous la charge de Lancosme. De quoy le Roy averti fit garder comme prisonniere la femme de Saint-L^c, et saisir ses coffres et papiers. Quelque tems après, Saint-Luc fit sur La Rochelle une entre-

«TAntoine roi de Navarre, Fut mariée à Robert de Combaud, dont on vient de parler. Elle lui porta pour dot le revenu de l'évêché de Quimper-Corentin ou de Cornouaille, lorsqu'il viendroit à vaquer.

fO Est disgracié : On a prétendu que le Roi avoit disgracié Saint-Luc parce qu'il avoit découvert à sa femme une intrigue d'amour que le Roi vouloit cacher. Nous ajouterons ici ce que d'Aubigné dit avoir su de Saint-Luc lui-même. Ce seigneur voyant la vie voluptueuse que menoit Henri iii, fut sollicité par sa femme, Anne de Cossé dè Brissac, de tâcher de retirer le Ro^ de cette honteuse prostitution. Saint-Luc fit faire une farbacane'«te cuivre qui fut introduite dans le cabinet de Sa Majest* -' tt a^'1*quelle on lui disoit à l'oreille , pendant la nuit, qu'iLavoît à craindre de la vengeance de Dieu, s'il ne quittoit sa mauvaise vie. Le méme jour, Saint-Luc feignit d'avoir eu quelque songe affreux sur le méme sujet ; il le raconta au Roi. D'Arques, qui étoit du secret, voyant le Roi effrayé par cette prétendue révélation, découvrit le secret de la sarbacane : ce qui fut lu cause de la disgrâce de Saint-Luc.

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	DE HENRI III. [l58o] 195 Le mercredy 3 février, le Roy dîna en l'abbaye de Saint-Germain des Prez, chez le cardinal de Bourbon; le lendemain en l'hôtel de Saint-Denys, chez le cardinal de Guise; le jour ensuivant, en l'hôtel de Nesle, -chez le duc de Nevers ; puis chez le cardinal de Birague, puis chez fe seigneur dë^Lenoncourt, en l'hôtel de Chaulnes; et ainsi consécutivement chez autres seigneurs , tant que la foire de Saint-Germain dura. En ce tems, Saint - Luc, mignon du Roy et gouverneur de Brouage, est disgracié (0 ; et Lancosme, neveu de Lanssac, envoyé en diligence à Brouage, afin de la garder pour le Roy. Le lieutenant de Saint-Luc en refusa l'entrée à Lancosme ; et Sâint-Luc arrivant sept heures après, «n fit sortir cinq compagnies de soldats y étans sous la charge de Lancosme. De quoy le Roy averti fit garder comme prisonniere la femme de Saint-L^c, et saisir ses coffres et papiers. Quelque tems après, Saint-Luc fit sur La Rochelle une entre- «TAntoine roi de Navarre, Fut mariée à Robert de Combaud, dont on vient de parler. Elle lui porta pour dot le revenu de l'évêché de Quimper-Corentin ou de Cornouaille, lorsqu'il viendroit à vaquer. fO Est disgracié : On a prétendu que le Roi avoit disgracié Saint-Luc parce qu'il avoit découvert à sa femme une intrigue d'amour que le Roi vouloit cacher. Nous ajouterons ici ce que d'Aubigné dit avoir su de Saint-Luc lui-même. Ce seigneur voyant la vie voluptueuse que menoit Henri iii, fut sollicité par sa femme, Anne de Cossé dè Brissac, de tâcher de retirer le Ro^ de cette honteuse prostitution. *Saint-Luc fit faire une farbacane'«te cuivre qui fut introduite dans le cabinet de Sa Majest -' tt a^'1quelle on lui disoit à l'oreille , pendant la nuit, qu'iLavoît à craindre de la vengeance de Dieu, s'il ne quittoit sa mauvaise vie. Le méme jour, Saint-Luc feignit d'avoir eu quelque songe affreux sur le méme sujet ; il le raconta au Roi. D'Arques, qui étoit du secret, voyant le Roi effrayé par cette prétendue révélation, découvrit le secret de la sarbacane : ce qui fut lu cause de la disgrâce de Saint-Luc*. i3.

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